Thibault Honegger et Florian Larramendy, cofondateurs de Netri.
Netri
À l’occasion de la 20e édition des Trophées Bref Eco de l’Innovation qui se déroulera le 1er décembre prochain, nous vous proposons de (re)découvrir vingt lauréats emblématiques récompensés ces deux dernières décennies.
Le jury des Trophées Bref Eco de l’innovation avait eu le nez creux en 2019 ! Tout juste née, Netri lui présentait ses organes sur puce, un concept encore mystérieux à l’époque qui se révèle être aujourd’hui une voie d’avenir que la société cultive dans une nouvelle usine ouverte il y a quelques mois dans le quartier de Lyon Gerland.
« Lorsque nous avons eu cette récompense, nous venions tout juste d’entrer dans le centre d’innovation de Lyonbiopôle à Gerland avec les premières unités de production de nos dispositifs », se souvient Thibault Honegger, cofondateur de Netri avec Florian Larramendy. « Nous signions à l’époque nos premiers contrats avec des partenaires académiques alors qu’aujourd’hui, nous sommes plutôt tournés vers les industriels ».
En 2019, on avait encore peu entendu parler de cette technologie dite « d’organes sur puce », qui mêle biologie, électronique, plasturgie et intelligence artificielle, et qui permet de tester l’effet d’un produit sur des tissus humains, promettant à la fois de « dérisquer » les études cliniques et d’éviter les tests sur animaux. Composés d’une part d’une plaquette microfluidique et, d’autre part, de cultures cellulaires humaines, ces organes sur puce permettent de créer des modèles humains in vitro « standardisés et prédictifs ».
Une technologie qui promet des gains de temps et d’argent.
« La première application, ce sont les troubles neurologiques comme Alzheimer, Parkinson, la sclérose en plaques », explique Thibault Honegger. Même si toutes les cellules du corps pourraient y trouver place, Netri a décidé de se concentrer sur les cellules de cerveau mais aussi sur l’oncologie et la dermato-cosmétique. Le neurone est alors utilisé comme un biocapteur. Est-ce que la chimio crée de la douleur ? Est-ce que le cosmétique démange ? « 90 % des médicaments échouent en phase clinique et, dans 80 % de ces cas, les échecs sont dus à des effets secondaires trop importants ». D’où l’intérêt de cette technologie qui « dérisque » bien les études, évitant ainsi de gaspiller du temps et de l’argent. On comprend ainsi l’intérêt porté par le monde de la pharmacie à Netri qui a servi plus de 200 clients depuis 2018 (80 % sont aujourd’hui des bigpharma). Début 2025, Netri a déménagé de quelques centaines de mètres pour intégrer le bâtiment Bioserra 3 (Métropole de Lyon) et disposer de plus de place, à savoir 500 m² de bureaux et 1 100 m² de salles blanches.
Nous allons vendre plus et à de plus grands clients via un sysytème de licences qui devrait nous permettre d'atteindre la rentabilité en 2026.
Cette usine permet évidemment à Netri de changer d’échelle. Alors qu’elle faisait jusqu’à maintenant quelques centaines de plaquettes d’analyse par semaine, elle va rapidement passer à 1 000, puis à 10 000. Cette opération a notamment été permise par des subventions de France 2030 et des levées de fonds dont la dernière pour 5 millions d’euros. Équipée, Netri va pouvoir se développer. « Sans dépenser davantage, nous allons maintenant générer du chiffre d’affaires en vendant plus et à de plus grands clients via un système de licences qui devrait nous permettre d’atteindre la rentabilité en 2026 », espère Thibault Honegger.
Comment ça marche ?
Le support est tout d’abord déterminant : il s’agit d’une plaquette de silicone « respirant » parcouru de sillons microscopiques (5 microns) qui accueillent des électrodes et des cellules neuronales. On y associe ensuite des cultures de cellules d’organes cibles issues de cellules souches formées à partir de prélèvements humains volontaires réalisés en Angleterre, aux États-Unis et au Japon. La mise en contact d’un produit sur « l’organe » fait réagir les neurones dont le flux électrique est capté par les électrodes et envoyé pour analyse à l’ordinateur qui possède une base de signatures neuronales permettant de décrypter l’effet du produit.