L'ondulation de la membrane conçue par EEL Energy va générer de l'énergie électrique.
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Voies Navigables de France et les collectivités locales ont donné leur feu vert à EEL Energy pour expérimenter, dans le lit du Rhône, un nouveau type d’hydroliennes qui imite le mouvement des poissons pour produire de l’électricité.
On se souvient qu’un projet d’installation d’hydroliennes à turbines dans l’eau du fleuve Rhône, porté par la société grenobloise Hydroquest, la Compagnie Nationale du Rhône et la normande CMN, avait finalement été abandonné en 2019 face aux difficultés techniques rencontrées. Mais l’idée d’une énergie issue d’un courant fluvial n’est pas abandonnée pour autant. C’est ainsi que la start-up parisienne EEL Energy (Pdt : Emmanuel Barre ; dg : Franck Sylvain) va prochainement lancer un test grandeur nature en région lyonnaise, sur la base d’une technologie très innovante.
Innovation de rupture inspirée par la nature
Les hydroliennes d’EEL Energy sont biomimétiques, c’est-à-dire qu’elles s’inspirent de la nature. Leur fonctionnement repose sur une membrane qui ondule dans le courant un peu comme le font les poissons pour avancer… et on sait que certains d’entre eux parviennent à se propulser jusqu’à 110 km/h ! La membrane, composée de lames en fibre de carbone et fibre de verre, à la fois robustes et souples, recouvertes d'un élastomère, agit comme une voile s’orientant face au courant : elle capte la pression de l’eau et se déforme, générant une énergie transformée en électricité. Propre et renouvelable, celle-ci a l’avantage d’être prédictible, comme peut l’être le débit d’un fleuve.
Installation en juin
Assemblée sur le Port Edouard-Herriot de Lyon, la première machine, de grande dimension (7 mètres sur cinq), va être acheminée par voie fluviale sur un site dédié, entre le parc de Saint Clair (Caluire-et-Cuire) et le parc de La Feyssine (Villeurbanne), d’ici fin juin. L’expérimentation commencera dans la foulée. Trois autres hydroliennes seront déployées sur cette partie du fleuve d’ici le fin de l’année. Elles feront l’objet de tests techniques divers avant que ce modèle soit généralisé sur d’autres cours d’eau ou en mer, en France mais surtout dans des pays en développement. « Cette première étape marque le démarrage de notre activité commerciale pour nos hydroliennes fluviales, d’une puissance nominale de 50 kW à 100 kW. Elle préfigure aussi le lancement d’hydroliennes marines d’une puissance de 750 kW dans les trois prochaines années », explique Franck Sylvain, directeur général d’EEL Energy.
L’électricité produite sur ce premier site du Rhône représentera 400 MWh, soit l’équivalent de la consommation de 400 foyers.
Onze ans de R & D et une levée de fonds en vue
La société EEL Energy a été créée en 2011 sur la base d’une invention portée par Jean-Baptiste Drevet (décédé en juillet 2022). La première phase de tests a eu lieu en laboratoire avant que la machine ne soit étudiée dans un canal, puis dans la rade de Brest. L’entreprise emploie aujourd’hui huit collaborateurs. Elle a levé 650.000 euros l’an dernier mais, optimiste, Franck Sylvain caresse l’espoir d’un apport beaucoup plus important, de l’ordre de 15 millions d’euros. « Un certain nombre d’investisseurs sont prêts à nous suivre mais il nous faut aujourd’hui un lead investor pour les rassurer ». S’ils sont positifs, les tests menés sur le Rhône pourraient bien accélérer le mouvement.
Franck Sylvain détient 25 % du capital de l’entreprise aux côtés de Frisquet (25 % également) et d’une quarantaine d’autres actionnaires. EEL Energy a été soutenue par ailleurs par Dassault Systèmes, le Feder, Interreg, Bpifrance et l’Ademe.