Bloc Print : la reconstruction de la peau via une imprimante 3D.
Parmi les heureux élus de nos Trophées de l’innovation, dans la catégorie « projets de laboratoires », Bloc Print donne une idée de ce que la technologie pourra apporter à la chirurgie dans les années à venir. Imaginez : la peau d’un grand brûlé directement reconstruite grâce… à une imprimante 3D !
Ce n’est déjà plus de la science-fiction, même s’il faudra encore une petite décennie avant que tous les essais cliniques ne soient réalisés, toutes les réglementations respectées et toutes les autorisations accordées par les autorités sanitaires. C’est une révolution dans le monde de la greffe de peau : les cellules sont prélevées par une biopsie de la peau sur le patient lui-même, puis cultivées et réinjectées par extrusion sous forme de bio-encre directement sur la plaie. Cette impression en 3D de la nouvelle peau représente un gain de temps considérable par rapport aux procédés actuels.
L’Armée est intéressée
Aujourd’hui, seuls quelques rares patients bénéficient de l’impression 3D. Mais la technologie avance. Et Lyon est en pointe. Créée début 2015 par des laboratoires de l’Université Lyon 1, le CNRS, l’ENS Lyon et l’Insa de Lyon, la plateforme 3d.FAB, installée à Villeurbanne-La Doua, est partie prenante du projet Bloc Print, auprès notamment de la start-up Lab Skin Création avec laquelle elle collabore depuis plusieurs années. L’impression 3D de la peau, qui a fait l’objet d’un dépôt de brevet, intéresse d’ailleurs au plus haut point l’Armée française (DGA) qui aimerait pouvoir déployer cette technologie sur les grands brûlés civils ou militaires, directement dans les blocs opératoires des théâtres de guerre.
Thorax de nourrisson reconstitué
On vient d’apprendre par ailleurs que la plateforme 3d.FAB va signer un contrat-cadre avec les Hospices Civils de Lyon pour « mutualiser des moyens et des compétences dans des locaux dédiés, avec des matières adéquates, des imprimantes adaptées et des outils informatiques de post-traitement d’images ».
L’idée est d’accompagner les idées novatrices de médecins à différentes étapes de maturation de leurs projets, et de transférer des technologies innovantes vers l’industrie*. Parmi les projets en cours d’évaluation : la reconstruction d’un modèle du thorax d’un nourrisson. Poumons, côtes, trachée et vaisseaux sanguins sont imprimés par 3d.FAB, en amont de l’intervention réelle du chirurgien pédiatrique. Celui-ci peut ainsi préparer son opération : « Opérer une malformation pulmonaire chez un tout-petit peut se réaliser sans ouvrir le thorax, à l’aide d’une petite caméra d’instruments fins. L’impression 3D du thorax et du poumon du bébé à opérer me permet d’anticiper les difficultés, de définir la stratégie opératoire idéale et de simuler l’intervention avant le jour J. Bien entraîné, je peux réaliser ensuite une intervention plus courte », explique Frédéric Hameury, chirurgien pédiatrique aux HCL. La chirurgie du futur avance !
* C’est aussi la philosophie de Clinatec, un établissement installé sur le CEA de Grenoble et au sein duquel médecins peuvent solliciter mathématiciens, physiciens et autres biologistes pour des recherches appliquées.
Cet article a été publié dans le numéro 2353 de Bref Eco.