Philippe Scoffoni : "le numérique libre a la capacité de créer des logiciels plus légers, qui demandent moins de ressources en général et qui ont aussi des durées de vie beaucoup plus longues"
L’association PLOSS-RA, qui promeut l’usage du numérique libre auprès des entreprises et des collectivités de la région Auvergne-Rhône-Alpes, organisait fin juin les Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre (RPLL), à l’Hôtel de Région (Lyon Confluence). L'occasion de revenir avec Philippe Scoffoni, président de PLOSS-RA, sur sa vision de cette filière open source.
PLOSS-RA est une association née en 2010. Quelles sont ses missions ?
Philippe Scoffoni : L'association comprend 35 membres, essentiellement des entreprises dont l’open source est le cœur d’activité. PLOSS-RA les fédère et donne de la visibilité à la filière de l’open source grâce à un travail sur plusieurs axes : en démontrant son intérêt aux politiques, en travaillant pour éviter que les logiciels open source ne soient bloqués dans les appels d’offres, mais aussi en menant des actions dédiées à la formation. Nous essayons d’être présents dans les universités pour porter la voix de l’open source, qui recrute beaucoup, et expliquer son intérêt auprès des étudiants.
En quelques mots, qu’est-ce que le numérique libre ?
Philippe Scoffoni : C’est un modèle de développement logiciel basé sur la coopération et l’ouverture du code source. Avec le numérique libre, tout le monde peut venir apporter des modifications et ça permet de travailler de manière collaborative. Libre d’utilisation, il n’y a pas de droits d’usage à payer pour utiliser un logiciel libre. Le numérique libre permet aussi d’éviter de développer plusieurs fois le même logiciel, notamment quand on parle de commande publique. C’est important que la commande publique se porte sur ce type de logiciel, pour pouvoir dupliquer un modèle d’une ville à l’autre notamment. Il y a donc une véritable logique économique derrière.
Quels étaient les objectifs de la première édition des Rencontres Professionnelles du Logiciel Libre, le 28 juin dernier ?
Philippe Scoffoni : Il s'agissait d'organiser un évènement à destination du secteur public et privé, adressé de manière générale aux professionnels, même si les étudiants et le grand public sont les bienvenus. Nous l’avons voulu centré sur les usages et donc au cours d’une quinzaine de conférences, des utilisateurs ont présenté des retours d’expérience sur l’utilisation de logiciels libres.
Quels sont les enjeux du numérique libre aujourd’hui ?
Philippe Scoffoni : Il y a un enjeu de sécurité. Le fait d’avoir du code source qui est ouvert fait que n’importe qui peut voir comment il fonctionne et aller corriger des failles de sécurité. Aussi, le numérique libre peut être un moyen de ne pas perdre notre souveraineté numérique et apporte une des réponses au changement climatique. En effet, le numérique libre a la capacité de créer des logiciels plus légers, qui demandent moins de ressources en général et qui ont aussi des durées de vie beaucoup plus longues, sans ces phénomènes d’obsolescence programmée, comme on peut en voir sur certaines applications. Tout cela, en développant l’emploi local. L’argent que va dépenser une entreprise ou une collectivité pour des prestations sur des logiciels libres, c’est de l’argent qui rentre dans une entreprise qui est en France. C’est donc un gros moteur potentiel pour notre économie de demain.
BIO EXPRESS
1991 : Diplôme d’ingénieur informatique à l’université de Clermont Ferrand
1991‑2003 : Développeur et chef de projet dans l’informatique
2003‑2011 : Responsable informatique dans une société de services
Depuis 2011 : Création de la société Open-DSI et adhésion au PLOSS-RA
Depuis 2021 : Président de l’association Ploss-RA
PLOSS-RA Association loi 1901
Année de création : 2010
Nombre d’adhérents :35
Siège : Lyon
Président : Philippe Scoffoni
Vice-président : Franck Brunet
Cet article a été publié dans le numéro 2502 de Bref Eco.