L'industrie du câble électrique est toujours en effervescence. Nexans mène de nombreuses recherches sur les géopolymères ou la supraconductivité par exemple.
Nexans
Spécialiste mondial des câbles électriques, la société française Nexans est présente depuis 120 ans à Lyon. Elle vient d'inaugurer dans le quartier de Gerland son pôle mondial d’innovation dédié à l’électrification décarbonée, AmpaCity. Un projet à 30 millions d'euros.
« Nous sommes à l’aube d’une nouvelle phase de développement de l’électricité qui va se prolonger sur les vingt prochaines années. Non seulement les réseaux européens ont cinquante ans d’âge et il va falloir envisager leur renouvellement, mais l’accélération des programmes éoliens et photovoltaïques, sans parler de la nouvelle génération de réacteurs nucléaires à venir, tout cela va considérablement accroître les besoins de câblage et de développement des réseaux électriques. » Christopher Guérin, directeur général de Nexans, plante le décor. Pour le groupe industriel (25.000 personnes dans 42 pays) recentré sur la fabrication et l’installation de réseaux électriques, c’est une nouvelle ère de croissance folle qui s’annonce.
Géopolymères et supraconductivité
Le leader français du câble vient d’inaugurer, dans le quartier de Gerland à Lyon, son nouveau centre de recherche sur les moyennes et basses tensions, dans lequel il a investi 30 millions d’euros. AmpaCity, c’est son nom, est une pièce maîtresse sur l’échiquier international de Nexans. Le site regroupe cent ingénieurs et techniciens issus d’équipes auparavant disséminées. Il travaille à l’amélioration de l’efficacité, de la sécurité et de la puissance des réseaux électriques (le groupe dépose une centaine de brevets chaque année). Par exemple, Nexans y développe des géopolymères (pour les gaines plastiques des câbles) qui se transforment, à haute température, en céramiques très résistantes au feu et limitant considérablement l’embrasement des circuits électriques. Preuve à l’appui dans des installations de tests capables de monter à des températures de mille degrés. Inutile de préciser l’importance du sujet : en Europe, un incendie sur quatre est d’origine électrique… Autre sujet de R & D : la numérisation des métiers, développée avec Microsoft (cloud, sécurisation) et la société lyonnaise Cosmotech (jumeaux numériques de réseaux). Il s’agit de géolocaliser les projets pour mieux gérer les chaînes d’approvisionnement, suivre l’état des réseaux afin d’anticiper les risques de défaillance.
La supraconductivité est également un axe de recherche majeur des laboratoires de Gerland. Cette technologie de rupture repose sur la cryogénie (le froid extrême : - 200 °C) effaçant totalement la résistance électrique d’un câble et donc la chaleur qu’il dégage. Son efficacité intéresse des villes et leurs infrastructures : Chicago a installé une boucle de câbles supraconducteurs pour réalimenter rapidement un quartier en cas de black-out ; la gare parisienne de Montparnasse également.
Nexans est prêt à profiter des vents porteurs d’une mutation électrique mondiale qui ne manquera pas, par ailleurs, de créer de fortes tensions. En particulier sur la demande de cuivre : sa consommation est passée de 9 millions de tonnes en 1995 à 21 millions actuellement, elle sera de 35 millions en 2032. On évoque déjà une prochaine pénurie.
Cet article a été publié dans le numéro 2504 de Bref Eco.