La Métropole de Lyon lance, avec l’aide de partenaires, une Fondation pour l’innovation sociale dotée d’un million d’euros.
Thierry Fournier / Métropole de Lyon
Economie sociale et économie numérique sont-elles deux planètes que tout oppose ? Pas si sûr. Le lieu totem de la French Tech lyonnaise, récemment inauguré, revendique par exemple clairement une attache dans l'économie sociale et solidaire.
Début mars, l’actualité économique lyonnaise a été marquée par deux événements qu’on pourrait, en y regardant de loin, facilement opposer. D’une part, la remise officielle du label « French Impact » à la Métropole de Lyon par Christophe Itier, Haut-commissaire à l’Economie sociale et solidaire, reconnaissant ainsi son action en matière d’innovation sociale ; d’autre part, la présentation du H7, lieu totem de la French Tech à Confluence, et de la quarantaine de start-up technologiques qui l’intégreront début avril.
Certes, les clichés ont la vie dure. Mais si, finalement, ces deux mondes pouvaient cohabiter et se nourrir mutuellement ? « Je suis un entrepreneur social qui fait de l’insertion. Mais je suis aussi une entreprise qui se doit d’être rentable », expliquait sur la scène du H7 Fabrice Poncet, cofondateur de La Fabrique, un fabricant de meubles de Francheville qui a équipé tous les espaces de travail du H7. Membre du jury de sélection, il a posé la question à chaque start-upper : « En quoi votre projet rend-il le monde plus beau ? » Une exception au milieu de ces
entrepreneurs ne jurant que par la blockchain et l’intelligence artificielle ? Pas vraiment.
Capitale européenne de l’innovation sociale
Car le H7 a clairement fait le choix de s’entourer de partenaires de l’ESS : « Nous accueillerons l’Ecole IA Microsoft de Simplon (une entreprise sociale et solidaire qui forme des publics fragiles aux métiers du numérique, N.D.L.R.) », indique Marie Esquelisse, la directrice du lieu qui annonce également un partenariat sur l’innovation sociale avec l’incubateur Ronalpia, créé par Léna Geitner et Enora Guérinel. Le même Ronalpia est devenu partenaire de l’Aderly, l’agence économique de l’agglomération lyonnaise, pour attirer des projets d’innovation sociale à Lyon. Un signal fort envoyé par la Métropole de Lyon, et son président David Kimelfeld, qui se rêve « en capitale européenne de l’innovation sociale ». C’est ce qu’il a répété aux membres du collectif lyonnais qui s’est constitué pour répondre à l’appel
à projets national « French Impact ».
Des emplois non-délocalisables
Seize partenaires qui doivent bénéficier du soutien de l’Etat pour faciliter leur développement. A l’instar de Grap (Groupement régional alimentaire de proximité), cette société coopérative qui, en tant que « Pionniers French Impact », a reçu une aide
de 300.000 euros pour « changer d’échelle », explique son codirecteur, Kevin Guillermin. « L’économie sociale et solidaire n’est pas de l’économie réparatrice, mais un vrai secteur viable et dynamique, créateur d’emplois durables et non-délocalisables », a ajouté le président de la Métropole
à qui certains pourraient reprocher ces « idées de gauche » à l’approche des élections municipales. Et si l’innovation sociale n’était finalement que le nouveau visage d’une économie plus inclusive et bienveillante ?
LE COLLECTIF LYONNAIS FRENCH IMPACT
Alter'Incub, Banque des Territoires, CRESS, Caisse d'épargne, Envie, Etic, Grap, Handishare, Le Cent Sept, la Métropole de Lyon, Le Mouves, les Scop, Messidor, Rhône Développement Initiative, Ronalpia, Sport dans la Ville.
Cet article a été publié dans le numéro 2364 de Bref Eco.