La société Rocle (groupe Chamatex) lance la production d’un masque sanitaire destiné aux sportifs. Une petite prouesse technique pour ce produit qui est une première… et qui sera vendu sous la marque Salomon.

Le groupe textile ardéchois Chamatex fait partie de ceux qui ont réagi immédiatement, lors du premier confinement de mars 2020, pour adapter leur outil de production et se lancer dans la fabrication de masques sanitaires. Sur l’année, le groupe Chamatex a ainsi produit huit millions de masques anti-Covid, en s’appuyant sur sa filiale Rocle (Tarare/Rhône) spécialisée dans les tissus d’ameublement, où 300.000 euros ont été investis à l’occasion.

Trouver une solution pour les sportifs

Mais très rapidement, Gilles Réguillon, le dirigeant de Chamatex, s’est posé la question de l’usage des masques pour les sportifs qui, en plein effort, ont bien du mal à respirer correctement avec une pièce de tissu classique devant la bouche. Il a donc réuni une task force afin de trouver une solution technique à ce problème, en sollicitant plusieurs de ses partenaires : le groupe de conseil en innovation Zebra (dir. : Bertrand Barré ; La Tour-de-Salvagny/Rhône), Salomon (Annecy/Haute-Savoie), et le site Bosch de Rodez comme concepteur-constructeur de machines industrielles.

Neuf mois plus tard, en un temps record donc, le résultat vient d’être présenté officiellement : le masque destiné aux sportifs, testé pendant des mois en laboratoire et par des équipes terrain de Salomon, est aujourd’hui fabriqué à Tarare. L’innovation a donné naissance à un brevet Chamatex déposé autour du design et du process de production.

Courir 45 minutes à 15 km/h, avec un masque

L’enjeu était de conserver le masque éloigné de la bouche pour éviter l’effet ventouse commun à l’immense majorité des masques tout en assurant une liaison parfaite avec les contours du visage. Aux contraintes liées à l’utilisation de matériaux différents se sont ajoutés des critères de certification sanitaire (filtration d’air entrant, expulsion du CO₂).

« Nous avons dû innover sur le concept : grille de ventilation, soufflet, et sur le process industriel : découpe laser et soudure ultrason », explique Gilles Réguillon. Une vingtaine de prototypes ont été réalisés, testés pendant 200 heures sur le terrain, l’objectif étant de pouvoir courir pendant 45 minutes à 15 km/h avec le fameux masque sur le visage.

À Tarare, la nouvelle ligne de fabrication conçue par Bosch Rodez, qui représente un investissement de 400.000 euros (aidé à hauteur de 10 % par la Région Auvergne-Rhône-Alpes), produira dans un premier temps 10.000 masques par mois qui seront envoyés chez Salomon. « On pourra monter jusqu’à 15.000 si nécessaire. Et puis, si le produit marche bien, pourquoi pas envisager une deuxième ligne de fabrication », ajoute Gilles Réguillon.

Innovation collaborative et ouverte

Chamatex et Rocle, Bosch, Salomon, Zebra : les partenaires se connaissaient déjà pour avoir lancé la société ASF qui sera, d’ici quelques mois, la première usine européenne à (re)produire des chaussures de sport, en Ardèche. Et à n’en pas douter, entre eux, le courant passe. « En réunissant des compétences diverses, on est plus rapide et plus performant », avance Gilles Réguillon. Et Jean-Yves Couput, directeur innovation chez Salomon, d’ajouter : « Chez Salomon, on avait tendance à penser que toutes les bonnes idées naissent chez nous. Mais en interne, un nouveau produit, c’est entre 18 mois et trois ans de développement. Ce masque de sport a été sorti en 9 mois ! Il est un symbole d’une innovation ouverte, avec des gens qui travaillent ensemble sans rien se cacher ».

À noter que la nouvelle ligne de fabrication va créer six emplois chez Rocle (50 salariés aujourd’hui). La société rhodanienne est devenue le nouveau pôle de compétence « masques » de Chamatex Group. Elle est organisée désormais en deux business unit : Rocle créateur français pour les tissus d’ameublement, et Rocle Health Protection pour les masques et produits de santé.