Encore enfant, j’entendais mon parrain parler de ses « salariés ». Et tout le monde ne jure plus aujourd’hui que par ses « collaborateurs ». Cette sémantique dit d’ailleurs un changement des attentes quant à la posture de ceux qui restent, légalement, nos salariés : on veut qu’ils s’impliquent davantage, qu’ils soient partie prenante, et… pour les meilleurs d’entre eux, qu’ils soient des intrapreneurs. Le vocabulaire mobilisé est souvent celui de l’adhésion : il faudra que nos collaborateurs adhèrent à la vision de l’entreprise, en soient les représentants, les porteurs… les ambassadeurs ! Mais on pourrait s’en étonner :
D’abord parce que le concept « d’adhésion » dit un imaginaire proche de la ventouse, qui fond les corps étrangers dans une entité unique. Or nos salariés, tout collaborateur qu’ils soient, ont le droit de ne pas être adhérent. Et un dirigeant ne peut légitimement le leur demander : tout au plus peut-il exiger qu’ils « s’adaptent » à la vision de l’entreprise et qu’ils y « collaborent ». D’où le terme de « collaborateurs ». S’adapter à une entreprise, c’est en un sens orchestrer en soi le dialogue de deux identités en devenir : personnelle et professionnelle.
Mais on s’étonnera du coup de voir que l’on a tendance à ne pas voir les récalcitrants comme des collaborateurs. Or c’est là un second sujet d’étonnement : se mélangent sans complexes les concepts de « collaboration », « coopération » et « participation ». Or ces concepts ne disent pas la même chose et traduisent des identités différentes dans l’entreprise :
Il y a donc une incohérence conceptuelle à parler de ces collaborateurs qui n’adhèrent pas ; à parler d’intrapreneurs que l’on n’associe pas ; à demander à des collaborateurs « d’adhérer à une vision » sans en faciliter l’appropriation. À quoi je vous le demande : n’est-il pas temps de penser les processus de changement au-delà de leurs seuls enjeux de communication et de management ?
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