Philosophie
“Des philosophes ? Dans les entreprises ? Mais… vous voulez dire pour une conférence ? Comment ça pour nous accompagner ? Mais… c’est-à-dire ?”. Saugrenue l’idée ? Pas tant que ça…
Le philosophe, étymologiquement “celui qui désire savoir”, est habituellement rangé dans la case poussiéreuse de ces intellectuels de haut vol qui, par voie de conséquence, ont une fâcheuse tendance à perdre de vue la réalité. HALTE ! Ici, on peut pointer un premier préjugé : qu’est-ce que c’est que cette “réalité” dont on parle ? Souvent, on lui trouve un synonyme : “Bah, les choses concrètes quoi ! Vous autres, les philosophes, vous êtes dans l’abstrait”.
Et il y a du vrai dans ce préjugé… à ce détail près que l’abstraction n’est pas se “détacher” d’une réalité plus solide : c’est adopter une position de surplomb, une position “méta”. Ceux qui pratiquent un détachement vis-à-vis du réel sont les praticiens de ce que Kierkegaard appelle “la pensée pure”, empruntant à Kant le concept de “pureté” qui dit une absence totale de contact avec l’expérience.
Détaché de la réalité, le philosophe ?
De fait, loin de perdre le contact avec la réalité, le philosophe est peut-être celui qui cherche à la comprendre dans toute sa complexité, s’évitant la facilité des mots-clés, des jugements hâtifs. Le défaut du philosophe tient à sa formation : il est formé à penser et ne se pose souvent la question de l’action que dans un second temps ; question avec laquelle il n’est pas forcément très à l’aise.
Mais les philosophes changent, et l’on voit aujourd’hui germer des “philosophes de terrains”, indépendants ou en meutes, qui, s’ils se hâtent peut-être de “rendre la philosophie populaire”1, sont d’abord obsédés par son application.
Et les terrains sont multiples ! On le voit avec l’appétence de la société civile pour le mouvement que l’on appelle la “pop philosophie”, mais également avec l’émergence de certains de ces philosophes d’entreprise qui, s’ils peuvent intervenir de manière très ponctuelle dans un cadre événementiel, peuvent aussi travailler plus en profondeur avec les décideurs sur des problématiques le plus souvent liées aux ressources humaines : l’accompagnement du changement notamment.
La philosophie et l'accompagnement du changement
“Et pour quelle raison”, me direz-vous ? D’abord, notons le fait que les philosophes sont des professionnels des sciences humaines et sociales, ce qui n’est pas déconnant dans un contexte RH. Mais surtout le fait qu’une large partie des problématiques liées au changement interroge directement la question des identités : l’identité du corporate, l’identité des professions, l’identité des agents ; et la capacité que l’on peut avoir de recréer du stable dans un environnement changeant.
“Recréer du stable dans un environnement changeant” ? Telle fut précisément la tâche de Socrate dans l’antiquité grecque qui, conscient d’un réel en devenir permanent, cherchait à fixer des repères, qui permettraient aux hommes d’avancer ensemble.
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