Directeur général du centre technologique Thésame, André Montaud nous livre son point de vue sur l’entreprise du futur et ses enjeux au sein de la grande Région Auvergne Rhône-Alpes.
Une fois que l’on a dit que Auvergne Rhône-Alpes avait la taille d’un pays européen, qu’elle était la plus grande région industrielle, que ses universités rivalisaient sur bien des domaines avec l’Ile-de-France, on a tout dit … et rien dit. Car au-delà de ce constat réjouissant mais proche de l’auto-congratulation, rien n’est dit sur le grand projet ambitieux, l’étoile polaire qui fédèrerait toutes nos énergies de cette nouvelle région. Si l’innovation semble être génétiquement compatible avec tous les territoires, notre capacité à dessiner une entreprise du futur en “sortant du cadre” serait pour le moins réjouissant et ne manquerait pas de panache à l’heure où la Région récupère la présidence des quatre moteurs de l’Europe.
Nous avons la chance de posséder quelques entreprises très emblématiques. A titre d’exemples Michelin, BioMérieux, Plastic Omnium comme Schneider Electric ou Volvo Trucks ont un impact fort en terme de R&D. La densité d’entreprises de taille intermédiaire comme ARaymond, Limagrain, Somfy ou Aldès, est plus importante qu’ailleurs et assez similaire à l’Allemagne. Enfin au-delà des grandes métropoles, il existe, chose remarquable, un vivier dynamique de districts industriels de PME bien répartis sur le territoire. Voilà le terreau sur lequel prospèrent les pôles de compétitivité et les clusters. Cette diversité géographique et thématique peut être une force si on accepte un développement pluricentrique coordonné et non centralisé. Structurer sur Auvergne Rhône-Alpes un grand réseau de compétences pour PME qui s’apparenterait à un Internet mais dans le monde réel serait une innovante et ambitieuse révolution dans une France qui reste jacobine. Lorsque vous faites une requête sur un moteur de recherche, vous obtenez la réponse recherchée sans avoir besoin de connaître son cheminement sur la toile. C’est cette organisation que j’appelle de mes vœux dans une région qui doit réussir son XXIème siècle. Etre utile au développement économique, c’est savoir apporter rapidement l’expertise nécessaire aux entreprises même si cette expertise n’est pas générée à proximité.
Faire d’Auvergne Rhône-Alpes la première Région de l’Usine du futur.
Vue du terrain sur lequel j’interviens, la crise de 2008 a profondément transformé bon nombre de PME: internationalisation, collaboration, innovation nécessitent la mise à disposition d’outils d’accompagnement de plus en plus sophistiqués. On n’est plus dans la quantité mais dans la qualité. Et la rapidité des transformations entraîne de la part des centres de ressources une agilité et une expertise au meilleur niveau européen. Cette nécessité est encore plus criante dans l’industrie du futur où l’innovation de rupture est présente à tous les niveaux. Or, nous avons les grands acteurs sur place pour répondre à ces enjeux. Le Cetim sur les nouveaux procédés de fabrication, l’ENE pour le Big Data, Thésame pour la performance globale (robotique et “l’Homme au cœur”), La cité du Design pour l’usage client et Innovergne pour faciliter l’innovation. Etonnamment bien répartis sur le territoire, ils pourraient représenter les nœuds d’une “toile” experte avec trois missions à renforcer: créer les outils et les tester sur leur zone de proximité, former les centres de diffusion répartis sur la région, “benchmarker” les méthodes avec les meilleurs outils internationaux. Ce réseau de l’Usine du futur serait unique en Europe et concilierait l’inconciliable: une expertise de haut niveau et une dissémination massive adaptée aux PME, pour faire d’Auvergne Rhône-Alpes la première Région de l’Usine du futur. Le modèle, s’il est énergivore dans sa phase de construction, est ensuite d’une redoutable efficacité et facilement duplicable dans le domaine des start-up avec les French Tech et les Business Innovation Center, à l’international ou dans les RH pour n’en citer que quelques-uns. On le retrouve déjà à plus petite échelle sous le nom de “marguerite” au pôle Mont-Blanc Industrie ou au niveau du continent européen pour la recherche académique au travers de l’ “European Institute of technologies”.
Etre au service de l’économie moderne, c’est savoir être lean, frugal, agile et expert. Ce n’est pas pour rien que l’Europe parle de spécialisation intelligente. Alors on les construit ces toiles d’experts 4.0? Un challenge pour tous et pour la future grande agence régionale”.
Note: les propos tenus sont un avis passionné mais personnel et ne sauraient engager Thésame.
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