De profondes avancées dans la recherche contre le cancer ont été réalisées durant la dernière décennie. Le démantèlement des mécanismes cellulaires d’apparition d’un cancer a permis l’avènement de nouvelles thérapies innovantes, dites ciblées. Par ailleurs, d’importants efforts ont été faits dans l’identification des facteurs de risque liés au comportement ou à la pollution environnementale, et des causes d’inégalités sociales et de santé.
Pour importantes qu’elles soient, ces découvertes ne sauraient représenter à elles-seules les profondes mutations qui traversent le champ de la lutte contre le cancer. Or, ces mutations (scientifiques, organisationnelles, sociétales) exigent une prise de conscience de chacun des acteurs, et une stratégie concertée d’actions. C’est précisément ce rôle de fédérateur qu’endosse depuis dix ans le Cancéropôle Lyon Auvergne-Rhône-Alpes.
Les défis à relever
Ils sont tout d’abord scientifiques : la complexification des technologies de diagnostic et de traitement fait émerger un besoin croissant de décloisonnement et d’interdisciplinarité scientifique : la montée en puissance des techniques de génétique moléculaire et de séquençage génomique ainsi que la disponibilité de big data au service de la médecine personnalisée bouleversent les pratiques ancrées et imposent de nouvelles collaborations entre les chercheurs, mais également entre chercheurs, biologistes, analystes et cliniciens.
Ils sont également managériaux : la nécessité d’actes chirurgicaux recule au profit de techniques radiologiques et endoscopiques moins invasives, les chimiothérapies requérant une hospitalisation font place à de courtes perfusions ambulatoires et à la prise de comprimés à domicile. La sphère du soin se déplace de l’hôpital vers le domicile du patient, avec la nécessité pour celui-ci et ses proches d’apprendre à s’approprier les dispositifs, et pour les professionnels de santé extrahospitaliers à se former à de nouvelles techniques et procédures (…)
Ils sont enfin et surtout sociétaux : la France peine à mettre en place les dispositifs de prévention, en particulier la lutte contre les comportements et situations à risques (prévention primaire) et à convaincre la population de l’intérêt des dépistages (prévention secondaire). L’accès à l’information reste inéquitable et creuse les inégalités de santé. La phase de l’après-cancer, celle de la prévention tertiaire, de la réinsertion socio-professionnelle et de la restauration de l’épanouissement affective, culturel et sportif, s’organise en parallèle du système de santé et reste non reconnue financièrement et médicalement, ce qui participe, là encore, à l’aggravation d’inégalités d’accès.
Créer un espace d’échanges
La lutte contre le cancer exige une approche globale. Soignants, chercheurs, malades et proches aidants n’évoluent plus dans des univers sociaux séparés. Les regards, les expériences et les expertises de chacun sont de nature à enrichir les approches de tous, contribuant ainsi à une compréhension globale du “phénomène cancer”, entremêlant savoirs scientifiques objectifs, pratiques soignantes, et vécu de la maladie. Le défi n’est pas aisé : il suppose la connaissance réciproque, la construction d’un langage commun, la coordination des actions. Plus globalement encore, il exige la fin d’une organisation “en silos” des champs de la recherche et du soin : l’infirmière de demain sera formée à la recherche interventionnelle ou à la recherche clinique. A travers l’Ecole Régionale de Cancérologie créée récemment, l’objectif est de mobiliser les forces vives de la recherche autour d’un réseau de jeunes chercheurs et d’enseignants motivés, issus de tous les domaines ayant trait à la cancérologie, de la biologie moléculaire à la chimie analytique, de la cartographie à la recherche clinique, de la sociologie aux mathématiques… Ils se retrouvent depuis 2 années successives en Universités d’été (les Oncoriales), échangent sur une plateforme Web et partagent des espaces de réflexions.
Faire évoluer les compétences et les filières métiers
Aux côtés des Universités et des écoles de la région, le CLARA souhaite identifier les formations nécessaires à l’évolution des compétences, non seulement des cancérologues confrontés à l’ère du séquençage génétique, par lesquels la relève doit être assurée, mais aussi repérer ou inciter des programmes à proposer pour les chercheurs de laboratoire ou de sciences humaines et sociales, et pour les professionnels de santé médicaux et non médicaux. Il se fixe l’objectif de s’appuyer sur le tissu industriel fédéré au sein du pôle de compétitivité Lyonbiopôle pour mieux identifier les besoins des entreprises et les associer à une démarche propice à stimuler l’employabilité.
Renforcer la dynamique de territoire
La jeune Ecole Régionale de Cancérologie s’inscrit dans celle du maillage régional. L’échelle de la région Auvergne-Rhône Alpes est de taille à renforcer les échanges de proximité entre les acteurs, et d’optimiser sa lisibilité à l’échelle internationale, qui est celle de l’excellence, où le regroupement des forces et des complémentarités de Clermont-Ferrand, Saint-Etienne, Lyon et Grenoble permettra de valoriser les efforts de tous.
Nous serons ainsi prêts à anticiper les évolutions technologiques, à garantir la disponibilité et la compétence des ressources humaines à mobiliser, et à assurer ainsi la relève de la recherche contre le cancer !
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