Boën-sur-Lignon est, à ce jour, la gare terminus de la liaison entre Saint-Etienne et Clermont-Ferrand
JFB
Les partisans de la réouverture de la liaison ferroviaire entre Saint-Étienne et Clermont-Ferrand reprennent la main après les évènements politiques de l’été. Par une opération programmée le 5 octobre, ils veulent que le Conseil régional transforme en acte ses déclarations d’intention en faveur du rail.
C’est un bassin de population qui réunit environ un million d’habitants entre les deux métropoles régionales et les villes du parcours. Et la desserte ferroviaire n’existe plus depuis 2016, en raison d’un chaînon manquant de 46 kilomètres, entre Boën et Thiers, laissé en déshérence. Pour beaucoup, cet abandon est insupportable par rapport aux discours contraignants sur l’environnement et au report modal de la route vers le rail, ou vers des modes plus vertueux que la voiture individuelle. La Cour Régionale des Comptes pointait qu’en Auvergne-Rhône-Alpes, contrairement au niveau national, l’offre voyageurs avait régressé de 5 %, entre 2017 et 2023. Un constat d'autant plus choquant qu'entre Saint-Étienne et Clermont-Ferrand, l’infrastructure existe. Mais, plus le temps passe, et plus la facture pour sa remise en état augmente.
100 M€
Le montant probable du budget pour remettre en service les 46 km.
Au moment de l’arrêt de l’exploitation, le Centre d’Études et d’Expertises sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement (Cerema), l’avait évaluée à plus de 50 millions d’euros. Il en faudrait peut-être plus du double aujourd’hui. Pour anticiper un arrêt définitif de cette portion de ligne, SNCF Réseau a même décidé de bétonner certains passages à niveau.
Pour un acte similaire dans l’Ain, sur l’axe Oyonnax-Saint-Claude, cette initiative a été condamnée par les tribunaux, après assignation de la Fédération Nationale des Associations des Usagers des Transports (FNAUT), au motif, que le statut de ces lignes n’est pas « déclassé mais suspendu ». Pour cela, la SNCF est aujourd’hui devant le Conseil d’État.
« Le train 634269 » organise une manifestation le 5 octobre
L’association « Le train 634269 » vient d’adresser un courrier au nouveau président du Conseil régional, Fabrice Pannecoucke, précisant les conditions environnementales, d’isolement, de sécurité, d’autonomie… que cette situation engendre pour les territoires et ses populations. Elle va organiser une nouvelle opération de mobilisation, le 5 octobre, qui se déroulera sur les trois principaux théâtres concernés : Thiers, Noirétable et Boën-sur-Lignon.
D’autres dossiers en cours
Mais Sant-Etienne-Clermont-Ferrand n’est pas le seul sujet sur lequel l’exécutif régional est en délicatesse avec ses déclarations. Lors de la dernière assemblée plénière du Conseil régional, l’opposition a rappelé les promesses du précédent président sur la réouverture au service voyageurs de la voie ferrée de la rive droite du Rhône, à ce jour uniquement réservée au trafic fret.
Si celle-ci a revu le jour depuis plusieurs années en Occitanie, l’Ardèche reste encore à ce jour le dernier département privé d’offre ferroviaire, malgré les promesses de l’ancien président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes. Pierre-Olivier Messner, coprésident de l’association Le Train 634269 pointe du doigt la politique régionale des transports : « nous constatons que le Conseil régional met de l’argent sur le Paris-Clermont-Ferrand, ce dont nous nous réjouissons, mais qui n’est pas de sa compétence puisqu’il s’agit d’une liaison Intercités, et qu’il investit lourdement sur la RN88 entre Le Puy-en-Velay et Saint Étienne qui ne l’est pas davantage ». Et de faire référence à des Régions comme l’Occitanie, Grand Est… qui ont une politique bien plus volontariste en la matière.