Guilhem Armanet, directeur régional de GRDF Sud-Est.
Dans cette tribune, Guilhem Armanet, directeur régional de GRDF Sud-Est, évoque le gaz vert et la méthanisation, levier vertueux pour l'avenir énergétique de notre région et opportunité pour revitaliser nos territoires avec des emplois non délocalisables.
Besson dans l’Allier, Pressins dans l’Isère, Viry en Haute-Savoie, Auberives-sur-Varèze dans la Drôme, Saint-Denis-sur-Coise dans la Loire ou Combronde dans le Puy-de-Dôme… ce sont déjà plus de 60 communes qui, dans notre région, accueillent des sites de méthanisation produisant aujourd’hui un gaz vert et local 100 % Made in Auvergne-Rhône-Alpes.
Aura, la Silicon Valley des gaz bas carbone
Ces territoires pionniers de notre souveraineté énergétique de demain sont des exemples concrets de ce que l’énergie conjuguée d’élus, d’agriculteurs, d’innovateurs et de citoyens peut créer comme dynamique écologique et économique vertueuse pour notre région. Le défi de la transition énergétique n’est pas nouveau même si les crises internationales récentes ont accéléré la prise de conscience collective sur ce sujet.
Notre région peut devenir un exemple de la décarbonation sur le plan national et international
Alors que certains s’interrogent encore sur les solutions à trouver, d’autres agissent, investissent et participent d’ores et déjà à ce grand mouvement. C’est le cas ici en Auvergne-Rhône-Alpes avec une année 2024 record de mises en service d’unités de méthanisation. Avec les projets en cours, nous produirons d’ici deux ans plus d’1TWh de gaz vert made in Auvergne-Rhône-Alpes soit l’équivalent de la consommation de 250 000 foyers. Véritable « Silicon Valley des gaz bas carbone » avec des champions comme Waga Energy, Prodeval, Deltalys qui sont les « Google » et « Facebook » du gaz vert, entourés d’un écosystème d’innovation et d’intelligence allant des lycées agricoles aux acteurs de l’innovation, aux start-up, aux PME et ETI, notre région peut devenir un exemple de la décarbonation sur le plan national et international.
700
Le nombre d'unités de méthanisation en France.
Chez GRDF, nous en sommes convaincus, il n’existe pas une solution miracle mais un mix de solutions qui conjuguées entre elles nous permettront de relever ce défi de la transition énergétique de nos territoires. Parmi ces solutions, la méthanisation est d’ores et déjà une réalité. Le seuil de 20 % de gaz vert local dans nos réseaux d’ici 2030 n’est pas une utopie, nous sommes même en avance sur nos objectifs avec une production d’énergie équivalent à plus de deux réacteurs nucléaires grâce aux 700 unités de méthanisation en service en France.
A terme, les ambitions nous permettront d’avoir 100 % de gaz vert local dans nos réseaux en 2050 et maîtriser notre consommation sans avoir à importer du gaz fossile. Le gaz vert, c’est aussi deux leviers essentiels pour l’avenir de nos territoires. Le premier levier est bien évidemment écologique. En collectant les déchets agricoles, le fumier ou les boues des stations d’épuration et en les méthanisant, le monde agricole ou les collectivités agissent concrètement et produisent une énergie verte et locale.
Notre rôle en tant qu’acteur gazier est de tout mettre en œuvre pour que cette énergie qui passe par nos réseaux puisse chauffer nos maisons, nos bureaux et nos bâtiments publics (écoles, piscines, gymnases, mairies), rendent nos industries plus compétitives et moins énergivores, permettant à nos transports scolaires et routiers de rouler propre… Nos réseaux sont adaptés et nous poursuivrons une politique d’investissement connue pour accompagner ce développement.
Le gaz vert c’est également un levier économique vertueux notamment les agriculteurs qui y trouvent une nouvelle source de revenus mais aussi des économies substantielles via la production d’engrais naturels, issus du processus de méthanisation, et venant se substituer aux engrais chimiques importés, de plus en plus chers. La méthanisation, c’est aussi pour ces femmes et ces hommes, un levier pour accélérer leur transition vers une agriculture plus résiliente susceptible d'attirer des nouvelles générations d’agriculteurs, pérenniser la transmission familiale des exploitations et offrir un emploi non délocalisable porteur de valeur et de sens.
Passer à quarante nouvelles unités par an…
La méthanisation c’est enfin une chance pour nos territoires et pour nous, citoyens qui pouvons faire aujourd’hui le choix d’une énergie verte et locale, levier de développement vertueux pour le territoire dans lequel nous vivons. Une récente étude a montré que plus de 80 % des habitants de notre région étaient prêts eux aussi à faire le grand saut, alors à nous tous de créer les conditions pour passer de dix nouvelles unités de méthanisation à quarante par an dans les prochaines années.
... en levant des freins
Ce challenge est possible, j’en suis convaincu, le potentiel est là mais certains freins restent à lever : faciliter l’accès au foncier, réduire les délais d’instruction des projets, mobiliser l’écosystème public et privé de notre région et informer toujours plus et toujours mieux le consommateur citoyen. J’en suis persuadé, c’est tous ensemble que nous réussirons à faire le grand saut du gaz vert en passant d’un gaz fossile importé à un gaz vert et durable 100 % d’origine locale.
Le gaz vert et la méthanisation en particulier, c’est une formidable opportunité pour revitaliser nos territoires avec des emplois non délocalisables, un avenir pour les exploitations agricoles et les jeunes générations et une décarbonation accélérée grâce à l’énergie collective. Le chemin est encore long, mais l’énergie est là, une énergie locale et collective.
Cette tribune a été rédigée par Guilhem Armanet, directeur régional de GRDF Sud-Est. Elle n'engage que son auteur.