Nathalie Hassel, directrice de la Fondation April.
Travaillant sur la question du vieillissement de la population et la solidarité envers les personnes en perte d’autonomie, la Fondation April, créée en 2008, se penche plus précisément sur les « aidants », ces personnes qui passent une partie de leur temps à soutenir leurs proches en difficultés. Une réalité qui n’est pas marginale et ne fera que s’amplifier durant les décennies à venir.
« Les aidants sont 11 millions aujourd’hui. La Fondation s’attache à porter un regard différent pour comprendre leur situation et contribuer à apporter des solutions. Parce que nous sommes et serons tous concernés maintenant ou demain et parce que c’est un sujet de société majeur », explique Bruno Rousset, Pdg d’April et président de la Fondation.
Qui sont les aidants ?
Selon le baromètre d’April, réalisé pour la deuxième année consécutive avec l’Institut BVA, près d’un Français sur cinq peut être considéré comme un aidant ! Mais la notion est souvent floue et mal définie : 69 % d’entre eux s’ignorent ou ne se considèrent pas comme tels, malgré l’adoption de la loi sur l’adaptation de la société au vieillissement.
La majorité des aidants sont des femmes (56 %) et ont un travail (58 %). Ils ont moins de 64 ans (à 80 %) et, fait surprenant, 8 % d’entre eux ont moins de 25 ans. Ils aident (85 %) un membre de leur famille (grands-parents, enfants, conjoint…). Et 18 % s’occupent d’une personne placée en institution. Quant au temps passé, il est très variable, pouvant dépasser les vingt heures par semaine.
Comment les aidants vivent-ils leur action ?
Durant une année, la Fondation a par ailleurs mené une étude auprès de 50 aidants et dix professionnels de santé qui les entourent. Un observatoire pour mieux comprendre le quotidien et les besoins de ces parents d’enfants polyhandicapés, conjoints de malades chroniques, enfants de malades de Parkinson, etc. Les aidants soulignent ainsi le caractère chronophage de leurs tâches (faire les courses, le ménage, les repas, soutien psychologique…) et sont 35 % à considérer qu’ils manquent de temps pour eux-mêmes.
Fatigue physique, difficultés des démarches administratives, manque de compétences et de ressources financières nuisent aussi à la vie des aidants. D’où les besoins exprimés de suivre des formations pratiques et de bénéficier d’un soutien psychologique.
Mais ils peuvent aussi trouver dans cette activité, qui renforce la relation humaine avec les proches ou parents aidés, une source bien-être. Et « ils expriment ressentir une certaine fierté à endosser un rôle indispensable dans la famille, s’estimant également porteurs de valeurs de solidarité et d’entraide ».
Une « Maison de répit » à Tassin
La Fondation April a récemment dévoilé deux initiatives. D’une part, elle soutiendra la « Maison de répit » que la Fondation France Répit fait construire actuellement à Tassin-la-Demi-Lune (Rhône). Premier établissement de ce type en France (architecture : Patriarche), ce lieu prendra en charge des personnes malades afin d'alléger la tâche des aidants lorsque la situation le nécessite (épuisement physique ou psychologique, obligation professionnelle, congés…). Elle devrait ouvrir ses portes en 2018.
Un open lab des aidants
D’autre part, la Fondation April participera à la plateforme digitale dédiée aux aidants et développée par Handicap International. Afin d’explorer des solutions novatrices dans ces deux domaines, elle a également lancé un « open lab des aidants » pour recueillir leurs avis et leurs suggestions.