Clara Chappaz est directrice de la Mission French Tech.
DR French Tech Saint Etienne Lyon
À l’occasion de sa venue à Lyon pour la soirée annuelle de la French Tech Saint-Étienne Lyon, Clara Chappaz, directrice de la Mission French Tech, a pu aborder avec Bref Eco les ambitions de la communauté pour les start-up de la région, le nouveau programme d’accompagnement French Tech 2030, les enjeux environnementaux et l’inclusion en entreprise.
Y'a-t-il d’autres territoires en France similaires à Lyon et à sa région dans l’écosystème des start-up ?
Clara Chappaz : La comparaison est complexe car nous n’avons pas forcément l’accès à toutes les données, ni la même façon de mesurer sur chaque territoire. Mais tout est mis en œuvre pour faciliter le financement en région, partout en France. Il y a deux ans, nous avons lancé le programme French Tech Rise afin de mieux connecter les start-up du territoire aux financeurs qui sont souvent à Paris. Pour chaque région, un lauréat se rend à Bercy et rencontre des investisseurs. Cela permet d’assurer une visibilité au-delà de la première prise de contact qui peut être utile non seulement pour la start-up mais aussi pour la région. La région lyonnaise est assez mature dans l’écosystème Tech avec de très belles levées de fonds comme celle effectuée par Amolyt Pharma il y a quelques mois pour un montant de 130 millions d’euros.
Quelles sont les spécificités du programme French Tech 2030 ?
Clara Chappaz : Il y a de gros enjeux avec French Tech 2030. En effet, 14 % des lauréats sont dans la région de Lyon. Ce sont des entreprises émergentes d’innovation de rupture sur des secteurs stratégiques tels que les secteurs de la santé, des nouvelles énergies et nouvelles mobilités, les secteurs du quantique, de l’IA et de la cybersécurité.
Dans le cadre du Plan France 2030, environ 53 milliards d’euros vont être déployés, dont la moitié reviendra aux acteurs émergents. En outre, 70 % des 125 lauréats de French Tech 2030 sont industriels. Donc pour plus de la moitié des lauréats, l’innovation de rupture sort des labos de recherche et va devoir passer par un procédé industriel.
Les greentech, « un secteur extrêmement porteur en France »
Comment sont appréhendées les problématiques actuelles de transitions énergétiques et de préservation de l’environnement au sein de la French Tech ?
Clara Chappaz : Nous avons un programme qui s’adresse gratuitement à une quinzaine de structures dont des start-up, un incubateur et une école, lequel va accompagner la mise en place d’une stratégie RSE au sein de l’entreprise. Le but est de définir ensemble des objectifs. Nous proposons également des accompagnements d’experts qui vont amener à dresser un premier bilan carbone. Les greentech ont aussi un rôle à jouer car elles abordent directement la transition écologique. C’est un secteur extrêmement porteur en France qui a doublé en termes de fonds levés en 2022 par rapport à 2021 et qui est loin devant les autres pays européens. Nous avons une combinaison de valeurs, talents et potentiels d’innovation relativement unique.
Et en termes d’inclusion et de parité dans les entreprises ?
Clara Chappaz : Aujourd’hui, seulement 9 % des start-up sont fondées par des équipes 100 % féminines. Une étude de BCG et SISTA, des associations spécialisées sur ces questions, montre que seulement 2 % des fonds levés en valeur sont allés vers des start-up fondées par des femmes. Ce n’est pas un problème franco-français mais européen. C’est notamment pour cette raison qu’a été lancé le pacte parité en 2022, avec une liste d’engagements sur les processus de recrutement, sur la représentation de l’entreprise par des femmes, et sur le fait de pouvoir atteindre 40 % de femmes présentes au conseil d’administration des entreprises.
Finalement, à propos de la diversité, une de nos grandes ambitions est de permettre que le dynamisme évoqué tout à l’heure profite à tous. Ainsi, notre programme French Tech Tremplin vise à accompagner des personnes venant de quartiers prioritaires, de zones rurales à revitaliser ou encore des réfugiés dans la création de leur entreprise.
BIO EXPRESS
2011 : Master en sciences, stratégie et entrepreneuriat à l’ESSEC Business School
2018 : Master en administration des affaires à Harvard
2017 : cofondatrice de Lullaby, plateforme consacrée aux produits d’occasion pour enfants
2019 : directrice du développement des affaires de Vestiaire Collective
2021 : directrice de la Mission French Tech
Cet article a été publié dans le numéro 2546 de Bref Eco.