Outre la Nivaquine, qui a placé le site sous le feu des projecteurs lors de la récente crise sanitaire, le portefeuille de l’usine Famar Lyon compte une soixantaine de produits parmi lesquels douze médicaments d’intérêt thérapeutique majeur.
Néovacs, Industry et Cofilux ont déposé un projet conjoint de reprise de l’usine pharmaceutique Famar Lyon de Saint-Genis-Laval, en redressement judiciaire depuis juin 2019. L'objectif est de récréer un acteur de référence de l’industrie pharmaceutique en France.
Toujours menacée de disparition en dépit des alertes répétées lancées par les syndicats, et les réactions suscitées par sa fermeture potentielle, l'usine Famar de Saint-Genis-Laval a fait l'objet d'une nouvelle offre de reprise, présentée conjointement par les sociétés Industry, Cofilux et Neovacs. Ce trio de repreneurs entend « poursuivre l'activité du site et y investir massivement afin d’en refaire un site majeur de l’industrie de la santé et du médicament en France dans un contexte où ces industries sont appelées à jouer un rôle croissant dans notre économie » soulignent-ils.
Initiateur du projet, Franck Supplisson (*) est à la tête de la société d'investissement Industry dédiée à la reprise d’actifs industriels et énergétiques en difficultés. Industry pilote aujourd’hui la reprise de l’usine sidérurgique Akers France de Thionville (Ascoforge), des usines Altifort SMFI de Tarbes (Tarbes Industry) et Alpine Aluminium d'Annecy, de l’ancienne usine de galvanisation Arcelormital Atlantique Montataire (Montataire Industry) et de l’aciérie Arcelormital de Gandrange (Gandrange Industry).
« Un projet ambitieux mais réaliste »
Pour le projet Famar Lyon, Franck Supplisson s'est associé à Cofilux-Secufung, un fonds multifamilial, situé au Luxembourg et fondé par Marc Vanhellemon, qui détient et gère un panel d’actifs de plusieurs milliards d’euros.
Les deux partenaires ont été rejoints par la société parisienne Néovacs spécialisée dans les vaccins thérapeutiques ciblant le traitement des maladies auto-immunes et/ou inflammatoires, dans le cadre du plan stratégique mis en œuvre par HBR Investment Group, son nouvel actionnaire. A noter que Néovacs a fait elle-même l'objet d'une procédure de redressement judiciaire dont elle est récemment sortie. « Cette activité permettra de diversifier le risque porté par Néovacs en investissant dans un projet ambitieux mais réaliste », indiquent les partenaires.
37 millions d'euros d'investissements en cinq ans
Un investissement de 37 millions d'euros est prévu en cinq ans (dont 10 millions d'euros investis graduellement par Néovacs). Si 150 salariés de Famar Lyon sont repris dans le projet, 93 personnes (dont 89 CDI et 4 en CDD) resteraient à la porte de l'usine. A terme, l'ambition est de porter l'effectif à plus de 400 emplois, selon les repreneurs qui veulent redéployer l'activité autour de cinq axes. Ainsi, ils comptent apporter rapidement de nouvelles activités notamment la production de gels hydroalcooliques, et veulent développer dès octobre une activité de remplissage aseptique, « en sous-traitance pour un des leaders mondiaux de l’industrie pharmaceutique à la recherche de capacités en vue de la production du futur vaccin contre la Covid-19 ».
Le plan prévoit également la relance de l’activité historique du site avec les clients actuels et de nouveaux. Un accord aurait notamment été conclu avec le laboratoire Cristers. A l'ordre du jour également, l'implantation d'une unité de bioconditionnement et de distribution de produits de santé sensibles (poches de sang et de plasma, tissus, greffons, etc.) : « Un projet créateur de 160 nouveaux emplois, représentant un investissement de 15 millions d’euros, pour lequel un préaccord de financement a été obtenu de la part de Bpifrance » assurent-ils. Est prévue enfin la création d'un centre de formation et d'un incubateur de sociétés de biotechnologies.
Ce plan doit être examiné le 30 juin par le Tribunal de commerce de Paris.
(*) Ancien élève de l’Ecole polytechnique et de l’Ecole nationale d’administration et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.