Yves Molina, dg délégué (non présent lors de notre entretien), Vincent Malfère, dg et Jean-Luc da Passano, président.
La Serl, société d'équipement et d'aménagement du Rhône et de Lyon, vient de fêter officiellement ses 60 ans. Six décennies au cours desquelles la société d'économie mixte, qui intervient en partenariat avec les maîtres d'ouvrage publics et privés, a beaucoup évolué. Rencontre avec son président, Jean-Luc da Passano, et son directeur général, Vincent Malfère.
Bref Eco : Qu'est-ce que la Serl en quelques mots ?
Jean-Luc da Passano : La Serl a été créée en 1957, dans le cadre de l’économie mixte ; elle impliquait à l’origine, les villes de Lyon et de Villeurbanne, et le Conseil général du Rhône qui était alors l’actionnaire principal ainsi que des partenaires privés. Ses métiers historiques sont l’aménagement et l’aide à la construction.
Côté chiffres, la Sem, ce sont 9 à 10 millions d’euros de chiffres d’affaires sur ces dernières années, avec un résultat bénéficiaire 2016 de 600 000 euros, et une équipe de 71 personnes, dont les 2/3 de cadres, et beaucoup de matière grise !
Bref Eco : Quelles sont les évolutions marquantes ?
J.L.D.P. : Parmi les grandes évolutions, on peut citer la création, en 1969, de la Communauté urbaine de Lyon qui s’est substituée aux communes de Lyon et de Villeurbanne. Autre grand changement intervenu le 1er janvier 2015 : la Métropole de Lyon s’est substituée à la Communauté urbaine, ce qui a entraîné une modification de l’actionnariat, la Métropole est devenue l’actionnaire principal de la Serl.
V.M. : Aujourd’hui, la Métropole de Lyon est très majoritaire avec 37,5 % du capital, le département du Rhône déteint 12,5 % et la Caisse des dépôts, 17,7 %. Le reste du capital se répartit entre autres entre la Caisse d'Épargne Rhône-Alpes (près de 7 %), Lyonnaise de Banque (4,9 %), la CCI de Lyon (4,7 %), Crédit Agricole Centre Est (4,5 %), mais aussi l'Opac du Rhône, Est Métropole Habitat, Safidi, Sfig, Dexia.
En 1957, après la deuxième guerre mondiale, et avec le baby-boom, il fallait reconstruire la France, vite et beaucoup !
Bref Eco : Et les évolutions en matière de missions ?
J.L.D.P. : Les demandes des collectivités ont changé. En 1957, après la deuxième guerre mondiale, et avec le baby-boom, il fallait reconstruire la France, vite et beaucoup ! C'est le temps des grands ensembles, comme le quartier de la Duchère par exemple, qui en 1962, à la fin de la guerre, a accueilli les rapatriés d’Algérie, qu’il fallait loger à toute allure. Ainsi, lors de la première phase de l’histoire de la Serl, pour résumer, on construit et on aménage, surtout de grands ensembles ! Dans les années soixante-dix, cela donne par exemple la Part-Dieu à Lyon ou Le Tonkin à Villeurbanne. De tout temps, la Serl - et c'est l'une de ses caractéristiques !-, a toujours essayé de coller au terrain et aux besoins des collectivités qui l’ont créée.
Notre évolution s'est faite également en fonction des besoins et des préoccupations nouvelles
V.M. : Petit à petit, on nous a demandé de faire les choses différemment, et nous avons transformé notre façon de travailler. Nous sommes passés de construire à rénover ! Notre évolution s'est faite également en fonction des besoins et des préoccupations nouvelles, avec la création de filiales spécifiques comme la Serl Energies centrée sur le photovoltaïque, la Serl Immo2 créée afin de mettre en œuvre une vraie politique immobilière et de porter des activités spécifiques comme les pôles de services et les commerces, ou encore la Serl Services. Aujourd’hui, la Serl compte douze filiales et sous filiales.
Bref Eco : Quels sont les atouts de la Serl ?
J.L.D.P. : Ces 60 ans d'histoire montrent que constamment la Serl a su s'adapter. Nos forces, ce sont l’adaptabilité et la souplesse. C’est ce qui fait que nous sommes appréciés des donneurs d’ordre. Et nous continuons à développer de nouvelles compétences. C'est le cas notamment sur des problématiques comme la sûreté et la sécurité des équipements, qui sont des sujets à prendre en compte dès la conception des ouvrages, qu'il concerne des projets de réalisation de centres commerciaux ou d'établissements scolaire, afin de prévenir les actes de délinquance qui pourraient intervenir.
Nous avons également développé un secteur santé
Nous avons également développé un secteur santé, dans le cadre notamment de la restructuration des Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). L'enjeu à chaque fois est d' accompagner au mieux les maîtres d’ouvrage dans leur réflexion programmatique, de les aider dans le choix et le suivi des entreprises…
Bref Eco : Qu'a changé pour vous la mise en concurrence systématique des sociétés voulue par l'Europe dans les années 2000 ?
J.L.D.P. : Nous avons réussi, tout en restant une Sem, à relever ce défi. Depuis cette directive, les Sem sont considérées comme des sociétés ordinaires alors qu'elles étaient auparavant des outils au service des collectivités. De nombreuses Sem se sont alors transformées en SPL comme celles de Confluence ou de Part-Dieu par exemple. Nous, nous nous sommes dits, ce n'est pas notre ADN ! Pour sécuriser notre action, nous avons fait signer un pacte d’actionnaires avec nos deux actionnaires principaux de l'époque. Puis, nous sommes partis à l’assaut du marché, et nous avons remporté la moitié des appels d’offres dans lesquels on a concouru, parfois face à des sociétés très connues !
Bref Eco : Votre territoire d’intervention géographique a lui aussi évolué ?
V.M. : 40 à 50 % des opérations se déroulent toujours sur le territoire de la métropole, au sens large. Nous menons également des opérations dans l'ensemble de la région, très souvent en appui avec des Sem locales qui ont moins de moyens que nous.
Bref Eco : Quels sont vos axes pour les années à venir ?
V.M. : Nos expertises évoluent selon la nouvelle manière qu'ont nos concitoyens de vivre la ville. Nous sommes à la pointe sur les nouvelles technologies, les consommations d’énergie, la ville connectée… Nous voulons conforter notre activité sur tous les champs existants. Nous avons des expériences à faire valoir et qui représentent des domaines forts d'attente chez collectivités.