Raphaël Gas, président de Serfim Environnement ; Laure Chaliez, directrice de Serfim Recyclage ; Maxime Cornut, directeur de Made in past ; et Jérôme d’Assigny, directeur des affaires publiques de Valobat.
Prisme
La plateforme de tri des déchets du bâtiment de Serfim Recyclage, sur le port Edouard Herriot à Lyon, accueille une nouvelle activité puisqu’elle sert désormais de hub pour l’activité de réemploi de matériaux de la société Made in Past. L’enjeu est celui de la massification du réemploi.
Les déchets issus de la déconstruction des bâtiments peuvent être enfouis. Ils peuvent être incinérés et constituent alors une source énergétique. Ils peuvent aussi être recyclés en subissant une transformation pour fabriquer de nouveaux produits. Ils peuvent éventuellement être réutilisés pour une autre application. Mais la meilleure option dans l’équation environnementale, c’est leur réemploi. Rien de vraiment neuf puisque le réemploi a toujours été pratiqué par nos aïeux.
Nous avions beaucoup de petits flux et maintenant nous allons pouvoir massifier l’activité
Mais dans un monde globalisé et industrialisé, comment s’y prendre ? Un certain nombre d’acteurs travaillent sur ce créneau depuis plusieurs années à l’image de Mineka, finaliste des derniers Trophées Bref Eco de l’innovation 2024. Ou de Made In Past (Lyon ; 30 personnes), qui vient de contractualiser avec Serfim Recyclage pour l’utilisation de sa plateforme de tri du port Edouard Herriot (35.000 tonnes de déchets réceptionnés chaque année), avec le soutien de Valobat, l’éco-organisme du bâtiment. Le job de Made In Past, « c’est de faire des études et de l’ingénierie, d’intervenir sur les chantiers de dépose sélective et de remettre les matériaux sur le marché », explique Maxime Cornut, son fondateur. « Avec Serfim, nous avons créé un point de collecte sur trois types de matériaux « faciles » à gérer et à remettre sur le marché. Nous avions beaucoup de petits flux et maintenant nous allons pouvoir massifier l’activité », se réjouit-il.
Nous servons de hub et de facilitateur dans cet écosystème.
Raphaël Gas, président de Serfim Recyclage.
« La loi Agec nous pousse vers le réemploi », confirme Raphaël Gas, président de Serfim Recyclage. « Comme ce n’est pas notre business, nous nous rapprochons d’acteurs spécialisés », faisant référence à Made in Past. Les trois types de matériaux sélectionnés par les deux partenaires sont les dalles techniques (constituées de bois et d’acier) ; les cuvettes de toilettes suspendues ; et les chaînes de câbles. Ces éléments sont récupérés dans des logements, des bâtiments tertiaires ou industriels. « Nous servons de hub et de facilitateur dans cet écosystème », explique Raphaël Gas.
Un test avant un déploiement sur d'autres sites
Concrètement, les professionnels de la déconstruction, qui connaissent très bien Serfim, apportent les éléments qui sont stockés puis repris par Made In Past qui va les nettoyer et les revendre. « Il s’agit de la première zone de réemploi associée à un acteur du déchet. C’est en cela que c’est intéressant. Quand il y a 1.000 m² de dalles à enlever dans un immeuble, c’est facile, on trouve une solution économique viable. Mais quand il y en a 60 m², ces dalles finissent en général à la poubelle. Avec notre zone de massification, le réemploi va pouvoir largement progresser », se félicite Raphaël Gas qui indique ne pas avoir d’intérêt économique particulier dans ce dispositif, « hormis une indemnité pour l’occupation de la surface ».
L'initiative se veut un test grandeur nature en vue de poser les bases d'un déploiement sur d'autres sites et une diversification des matériaux à réemployer.