Nicolas Breyton (Stelleria) est candidat au Prix EY de la Start-Up de l'Année.
La toute jeune société grenobloise Stellaria est engagée dans une course de fond pour mettre au point le premier réacteur nucléaire à sels fondus qui régénère 100 % de son combustible en cœur. Son président, Nicolas Breyton, veut laisser « en héritage » un outil capable de fournir une énergie abondante, propre et sûre.
A Grenoble, l’équipe de Stellaria travaille d’arrache-pied afin de tenir son rétroplanning. Si tout va bien, elle espère produire son premier réacteur opérationnel en version industrielle en 2035 ou 2036. L’entreprise entourée d’acteurs comme le CEA, Schneider Electric, Orano, Technip Energy et aux côtés d’une autre jeune société, Thorizon, s’est engagé dans une nouvelle voie, celle des RSF, les réacteurs à sels fondus. « C’est un peu la V2 du nucléaire, explique Nicolas Breyton, cofondateur et président de Stellaria. Il sera capable de fournir de l’électricité sur un site de manière autonome, abondante, décarbonée, à un coût raisonnable pour les grands sites industriels ». Le marché est immense. Le chemin pour y parvenir nécessitera la mobilisation de plusieurs centaines de millions d’euros.
Convaincre de potentiels clients ? Déjà fait
L’entreprise va prochainement finaliser une levée de fonds d'un montant supérieur à 15 millions d’euros sous la forme d’equity et de contrats commerciaux sous la forme d’avances de fonds sous condition de réservations de puissances. Nicolas Breyton s’attend à devoir convaincre de prochains investisseurs, sur des montants sans commune mesure. « Les clients potentiels sont faciles à convaincre car nous sommes sur une proposition de valeur unique au monde. La difficulté sera de financer cette entreprise pendant notre traversée du désert. Dix ans avec de très faibles revenus ».
Je suis passionné par le monde de l’énergie et c’est pour cela que j’ai créé cette entreprise.
Le dirigeant de Stellaria, primo entrepreneur, ancien de Schneider, semble doté d’une motivation bien plus large que la question financière. « Je suis passionné par le monde de l’énergie et c’est pour cela que j’ai créé cette entreprise. Je sais que nous pouvons débloquer des milliers d’années d’énergie sur notre sol en France. Je trouve que c’est le meilleur héritage que je pourrais faire à mes enfants ». Avec ou sans lui, « le projet doit aller au bout ».
Ses perspectives ?
« Nous aurons une première expérience de fission à la fin 2029 puis une deuxième avec la mise en service d’un prototype de 10 MW représentatif de l’ensemble des fonctions que l’on aura. Avec nos partenaires, nous apprenons à travailler ensemble pour être capable de déployer jusqu’à huit réacteurs par an, soit 2 GW ».
Stellaria
CEO : Nicolas Breyton
Siège : Grenoble
Effectif : 21 personnes
8 : le nombre de réacteurs produits en vitesse de croisière
60 : le nombre théorique d’années durant lequel le combustible initial ne sera pas changé