En une vingtaine d’années, Alexandre Albanel a su donner une autre dimension au groupe énergétique UNITe, issu de l’entreprise familiale Hydrowatt. L’investisseur Ardian, arrivé l’an dernier en soutien financier, lui ouvre de nouvelles perspectives dans le photovoltaïque, en particulier dans l’agrivoltaïque.

Quand il décide en 2007, à l’âge de 32 ans, d’intégrer l’entreprise familiale que dirige alors son père, Alexandre Albanel se donne un an « pour voir » si le modèle PME est bien fait pour lui. Ingénieur électricien, doté d’un troisième cycle en finance, il a commencé sa carrière en tant que consultant dans un grand cabinet international. Mais du conseil à la gestion quotidienne d’une petite entreprise, il y a un pas que tout le monde n’est pas prêt à franchir. Pourtant, la confirmation viendra vite. « Certes, le secteur de l’énergie m’attirait. Mais le changement a été radical. J’ai dû apprendre à travailler avec humilité avec des techniciens passionnés (une petite dizaine de personnes au départ), à démontrer ma légitimité et mes compétences, à décider avec mon père (ce qui n’est pas toujours facile) et à composer avec un actionnariat totalement familial. J’ai beaucoup observé et écouté ».

Une quarantaine de sites hydroélectriques

Côté business, Alexandre Albanel confirmait alors son intuition : le secteur de la micro-hydroélectricité, sur lequel évoluait UNITe, était très éclaté, avec une multitude de très petites entreprises issues de l’histoire industrielle du pays (microcentrales issues d’anciennes papeteries, forges etc.). Saine, l’entreprise est donc bien placée pour racheter des centrales en mal de développement ou de transmission, pour peu qu’elle parvienne à réunir de nouveaux moyens financiers et humains. « En dix ans, nous avons racheté deux à trois entreprises chaque année. Nous gérons aujourd’hui une quarantaine de sites hydroélectriques », sur un marché proche de la saturation. Afin de maîtriser la totalité de la chaîne de valeur, UNITe dispose dans les Pyrénées de son propre atelier industriel, capable de réaliser les pièces spécifiques exigées pour des marchés hydroélectriques toujours sur mesure.

Un plan d’investissement ambitieux

Parallèlement, le marché français des énergies renouvelables s’est structuré, souvent de façon chaotique. Positionné « en opportuniste » sur l’éolien (trois parcs à ce jour), UNITe s’est en revanche tourné clairement vers le photovoltaïque, en particulier l’agrivoltaïque qui apporte un supplément de revenu aux agriculteurs. « Nous avions créé, en 2011, la première centrale du genre en France, qui couvrait une pisciculture », se souvient Alexandre Albanel. Pour mener à bien cette nouvelle phase de développement accéléré, j’ai mis en place un comité de direction et recruté un directeur général ».

Les fruits de cette politique plus offensive sont là : 30 personnes ont été recrutées en cinq ans. Aujourd’hui, 150 MW photovoltaïques sont en construction et c’est un doublement de chiffre d’affaires qui est prévu d’ici 2027. L’énergie solaire sera alors dominante dans l’activité d’UNITe.

Afin d’appuyer financièrement ses ambitions, UNITe a fait appel au groupe français de capital-investissement Ardian, l’un des grands opérateurs européens de son secteur. L’opération, qui a placé Ardian en actionnaire majoritaire, est originale : le groupe financier apportera les moyens nécessaires au plan d’investissement à venir (1,5 milliard d’euros d’ici 2030), au fur et à mesure de son développement.

Minoritaire ? Un challenge !

« Cette levée de fonds va nous permettre d’avancer plus rapidement », confirme Alexandre Albanel. Mais qu’est-ce que cela change pour l’entrepreneur qu’il est ? « Pas grand-chose », poursuit celui-ci qui ne voit que du positif dans cet apport en capital. « Dans les différentes configurations qu’a pu connaître l’entreprise, je n’ai jamais été moi-même un actionnaire majoritaire. Je suis très à l’aise dans cette situation de minoritaire. J’ai été habitué à rendre des comptes. Je le prends comme un challenge personnel. Certes, les exigences sont élevées mais nous apprenons beaucoup. ».