Cocréateur de la société de biochimie Afyren, Nicolas Sordet revient sur les dix années au cours desquelles ses équipes ont mis au point et industrialisé une technologie de production d’acides carboxyliques 100 % biosourcés.

Dans quelques semaines, la bioraffinerie Afyren Neoxy*, inaugurée en octobre, livrera sept acides carboxyliques 100 % biosourcés à ses clients des secteurs de l’alimentation humaine et animale, des arômes et parfums, de la chimie : « Plus de 70 % des ventes sont sécurisées par des contrats pluriannuels », indique Nicolas Sordet, président d’Afyren, qui ajoute : « La préparation de la phase de démarrage suit son cours comme prévu. » Ce « comme prévu » a scandé la vie d’Afyren depuis sa création, en 2012. « Ces dix ans ont été la succession de cinq périodes de deux ans chacune : de la R & D à la construction de l’usine, en passant par le pilote, la pré-industrialisation et la création de la société Afyren Neoxy avec Bpifrance. Nous avons franchi chaque étape en temps et en heure », se félicite le dirigeant.

Notre audace a été d’être capables de ne pas dévier de notre chemin et de nos objectifs, même si les gens autour de nous disaient que nous n’y arriverions pas

« Engagée, dès le départ, pour une industrie plus écologique », Afyren a développé une technologie fermentaire, l’Afynerie®, pour fabriquer des molécules destinées à se substituer à leurs équivalentes issues du pétrole. « Notre audace a été d’être capables de ne pas dévier de notre chemin et de nos objectifs, même si les gens autour de nous disaient que nous n’y arriverions pas », souligne Nicolas Sordet dont le souvenir le plus marquant est le tour de table de financeurs réuni en 2018. « Nous avions de l’ambition : il nous fallait 80 millions d’euros pour financer le développement d’Afyren et la construction de l’usine. Cela faisait beaucoup de parties à rassembler autour de la même table. Jusqu’à la veille à minuit et demi, il y avait encore des détails à régler et nous n’étions pas sûrs de signer », se souvient celui qui a apporté son profil de financier à l’équipe de scientifiques à l’origine d’Afyren. « C’est une bonne complémentarité ! »

Deux autres usines en projet

Introduite en Bourse en 2021, Afyren prépare la création d’une deuxième usine et en prévoit une troisième. Avec pour objectif de devenir un acteur majeur sur le marché des ingrédients biosourcés, en forte croissance. En outre, ses choix technologiques correspondent eux aussi aux attentes des consommateurs et donc des industriels. En effet l’Afynerie® valorise la biomasse sans entrer en concurrence avec les filières alimentaires : les coproduits de production de sucre constituent la matière première d’Afyren Neoxy. En fin de cycle, celle-ci valorise à son tour le coproduit potassique de sa production qui est intégré dans des engrais organiques. D’où son implantation à Carling Saint-Avold (Moselle), au cœur de l’Europe et du bassin betteravier européen, donc proches de clients et fournisseurs. « Notre technologie s’adapte à tous types de déchets : nous pouvons implanter des usines dans d’autres zones du globe », précise Nicolas Sordet qui, à terme, voit Afyren installée en Asie et en Amérique.

* Afyren Neoxy est une filiale d’Afyren et du fonds Société de projets industriels (SPI) géré par Bpifrance.

L’INFO EN + : L’USINE AFYREN NEOXY S’EST IMPLANTÉE SUR LA PLATEFORME CARLING SAINT-AVOLD DE TOTAL GRÂCE À UN CHANGEMENT À LA TÊTE DE L’ÉQUIPE CHARGÉE DE LA MUTATION DE CE SITE VERS LA CHIMIE DU RENOUVELABLE. « LA PREMIÈRE PERSONNE QUE NOUS AVONS RENCONTRÉE NOUS A DIT QUE NOUS N’Y ARRIVERIONS JAMAIS. QUELQUES MOIS PLUS TARD, SON REMPLAÇANT Y A VRAIMENT CRU ET NOUS A VRAIMENT SOUTENUS ET AIDES. »

Afyren en chiffres

Siège social et R & D : Clermont-Ferrand

Autres sites : Lyon, administration et développement industriel ; Saint-Avold, usine de la filiale Afyren Neoxy

CA : non significatif

Effectif : une centaine de personnes dans le groupe dont une soixantaine chez Afyren Neoxy.